L’histoire de la protection dorsale

Des besoins des pilotes jusqu’à l’intuition de Dainese

 

CONTENU DE L’ARTICLE

  • Barry Sheene est rapide et ses chutes sont fréquentes : il est le premier à demander une plus grande protection pour son dos

  • La première protection dorsale s’inspire de la nature : elle rappelle la carapace d’un homard

  • Freddie Spencer démontre l’efficacité de la protection dorsale en se remettant d’une chute effrayante à Kyalami

  • La protection dorsale a évolué entre les années 80 et 90 : Kevin Schwantz en est l’un des utilisateurs les plus convaincus

  • Dans les années 2000, la recherche permet de donner naissance à des protections plus légères, plus efficaces et mieux intégrées dans la combinaison

À la fin des années 70, Barry Sheene était le personnage du championnat du monde de moto, le James Hunt des deux roues. Le Britannique a été la star incontestée des saisons 1976 et 1977, où il a dominé la scène sur et hors-piste, tant par son talent de pilote que par sa capacité à être au centre de l’attention. Et pourtant, en dépit de son image de rock star rebelle, Sheene est sensible à la question de la sécurité. Il est le premier à ressentir le besoin de faire un pas dans cette direction, principalement en raison de sa propension à goûter l’asphalte. Depuis un certain temps déjà, le pilote britannique fourre des morceaux de mousse dans sa combinaison pour protéger sa colonne vertébrale. Mais ils ne suffisent pas, et Lino Dainese ne tarde pas à le comprendre. Il faut quelque chose de nouveau et de plus efficace qui permettra à Bazza de se sentir à nouveau à l’aise sur une moto qui frôle les 300 kilomètres à l’heure.

D’ailleurs, nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que soit les fabricants de casques à proposer un tel dispositif, étant ceux qui ont travaillent le plus avec la fibre de verre et le plastique. Mais Dainese surprend tout le monde et présente la première protection dorsale en 1979. Elle s’inspire de la carapace du homard, dont elle tire son nom. Elle allie une couche de mousse souple à une série de plaques rigides qui s’emboîtent pour dissiper la force des chocs sur une plus grande surface. De la science appliquée, une révolution : personne ne sait encore que, quelques années plus tard, cet objet deviendra un élément indispensable du kit de tout motard.

Efficacité éprouvée

La mise en place de la première protection dorsale n’est pas immédiate. Ce n’est un secret pour personne : les pilotes sont souvent conservateurs et méfiants à l’égard des nouveautés, surtout lorsqu’il s’agit d’alourdir leur matériel. Mais en 1984, un événement parvient à convaincre tout le monde. Le championnat du monde fait une halte en Afrique du Sud, à Kyalami. Pendant l’entraînement, Freddie Spencer s’écrase à cause de l’explosion de la roue arrière en carbone de sa Honda et se cogne violemment le dos sur un trottoir en béton. Les personnes présentes craignent le pire, car beaucoup ont pris l’habitude de voir les pilotes être transportés sur des brancards. Mais l’Américain est un pilote Dainese et l’un des rares à utiliser la protection dorsale, portée pour la première fois ce jour-là sur l’insistance de Lino. Il se relève amoché, mais il se relève ! Ayant prouvé l’efficacité de la nouvelle protection, beaucoup suivent l’exemple de Fast Freddie. C’est ainsi que la protection dorsale a fait son apparition sur le marché peu de temps après.

1984 est l’année du tournant en matière de protection pour le motocyclisme. La protection dorsale Dainese a commencé à se répandre sur les circuits du championnat du monde et sur les routes, portée par les motards amateurs. C’est la première vraie protection conçue spécifiquement pour la pratique des sports sur deux roues, et c’est à partir de là que commence son évolution.

L’évolution

La deuxième version améliorée s’appelle BAP et arrive en 1993, avec Kevin Schwantz comme tout premier ambassadeur. Il est maintenant clair que la protection dorsale a une valeur inestimable par rapport à l’inconfort négligeable que procure son port. Un inconfort qui, en bref, se traduit par une perception de la sécurité, capable d’amener les pilotes encore plus loin, vers leurs limites, à la recherche d’une conduite à son expression maximale. C’est Schwantz lui-même qui en a été définitivement convaincu lorsque, lors d’une visite des laboratoires Molvena, il a personnellement assisté aux tests d’impacts des protections composites et réalisé la violence des coups qu’elles étaient capables d’absorber.

Le Space, étape intermédiaire en 1998, a conduit en 2002 à l’arrivée de la protection dorsale Wave. En forme de coquille de tatou, elle combine des couches de caoutchouc-mousse léger, une structure alvéolée intermédiaire en aluminium et une coque extérieure en plastique ondulé, tout comme la cuirasse de l’animal. Elle atteint de nouveaux niveaux de respirabilité, de légèreté et de protection. Grâce à l’âme en aluminium, le poids de la protection dorsale Wave est extrêmement faible, mais la forme en nid d’abeille garantit une grande capacité d’absorption des chocs. Elle est immédiatement portée pendant les courses par Valentino Rossi, Max Biaggi, Troy Bayliss et de nombreux autres pilotes des championnats du monde de moto et de superbike, qui sont les premiers à apprécier ses qualités et sa capacité à s’intégrer à la combinaison.

 

Plus de dix ans plus tard, Manis est toujours à la pointe du progrès lorsqu’elle est présentée en 2014. Toujours inspirée de la nature, elle s’inspire du pangolin, un mammifère rare couvert d’écailles rigides et protectrices. Ce n’est pas l’innovation qui manque : elle est capable de s’adapter au corps humain et à ses mouvements, grâce à des articulations spéciales qui lui permettent de s’étirer et de fléchir en suivant chaque courbure du dos.

En 2016, la nouvelle technologie Pro Armor rejoint Wave et Manis. La nouvelle protection reprend le principe des fractales, le langage avec lequel la nature crée des structures complexes. Il ne s’agit plus d’une protection composite : elle utilise un élastomère à base de carbone qui peut dissiper une partie de la force de l’impact sous forme de chaleur à travers le matériau lui-même. Perforée à 43 %, sa surface établit un record de respirabilité et de débit d’air. Les tendons spéciaux qui rejoignent les empiècements de Pro Armor garantissent la liberté de mouvement et permettent de mieux suivre les mouvements et la courbure naturelle du dos.

En 2019, Pro Speed voit le jour, la dernière découverte qui incarne le meilleur de ce que nous avons vu jusqu’ici. Elle reprend la structure ultra-légère en aluminium et les joints latéraux et les combine à une couche d’EPP, conceptuellement similaire à l’EPS utilisé dans les casques, capable d’absorber les chocs les plus violents. Elle conserve une grande respirabilité grâce à une surface perforée à 28 %.

La gamme actuelle est articulée de manière à offrir la meilleure solution pour chaque besoin : la légèreté avec Wave, la respirabilité avec Pro Armor, la couverture avec Manis et la technologie avec Pro Speed.

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